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Retour d’expérience après 3 ans et 10 mois (exactement) en indépendant dans le domaine du design UX, sur Paris. Je vous partage un bon résumé de mon parcours professionnel, en explicitant les avantages et les inconvénients auxquels j’ai fait face.

Créer son statut et commencer

C’est alors qu’en 2017, je me suis inscrit en tant qu’auto-entrepreneur sur le superbe site de l’URSSAF (à savoir qu’il a été amélioré depuis…). Un réel plaisir pour moi, en tant que phobique administratif, tout me semblait très compliqué. Pourtant, le statut d’autoentrepreneur est relativement le plus simple. À la fin on n’est pas vraiment une entreprise, mais on a une immatriculation commerciale, un numéro de SIRET. On peut donc faire des devis, des factures et encaisser nos prestations directement sur notre compte bancaire personnel. Pas besoin d’ouvrir un compte professionnel, et pas besoin non plus d’ajouter la TVA (étant donné que c’est une prestation intellectuelle et que vous n’êtes pas une entreprise assujettie aux impôts de sociétés).

Finalement, c’était moins complexe que l’idée que je m’en faisais. La particularité d’être indépendant, c’est qu’il faut déclarer soi-même ses revenus de manière trimestrielle ou mensuelle (au choix) sur le fameux site de l’URSSAF. En contrepartie, on n’a pas d’impôts sur le revenu, ce qui était plutôt pratique pour moi, car ma gestion du budget était plutôt en flux tendu… Ainsi, là, je savais que 24 % de ce que je facturais (donc de ce que j’encaissais), devait être réservé pour les charges, que je devrais payer tous les 3 mois (car j’avais choisi le relevé trimestriel).

Ceci permet une meilleure gestion de sa trésorerie, car je pouvais directement bénéficier de l’argent net de tous impôts ou charges. La seule contrainte, c’était le plafond de chiffre d’affaires, qui était d’environ 34000 € lorsque j’ai commencé et qui a doublé depuis, passant à 72500 € (pour les activités de prestation de services, depuis 2020).

Un calcul simple (72500€-24%=55100€) me permettait de connaître mon objectif annuel. Si on divise par mois, cela fait approximativement 4500 €. Ceci m’a largement convaincu d’essayer cette voie, bien que je sois conscient du challenge que cela représentait. Entre les chiffres et la réalité, il y a toujours un gap, et je n’allais pas tarder à le comprendre.

NB : ainsi, il n’est pas rare de voir un freelance UX designer se faire payer entre 500€ à 1000€ la journée pour sa prestation. Ce chiffre peut paraître gros, néanmoins, ce n’est pas fixe ni quotidien. Il est tout aussi rare de voir un freelance travailler toute l’année. Dis comme ça, cela semble bénéfique, travailler moins pour gagner plus qu’un CDI. mais vous vous imaginez que rien n’est aussi simple… Pensez aussi qu’il faille soustraire 1/4 de la somme. Donc autant vous dire qu’il faut savoir maîtriser son budget.

Obstiné, motivé et passionné, je décide de me lancer. Pour autant, j’ai gardé mon CDI de l’époque (UX designer junior chez Marcel, Groupe Publicis), le temps de trouver une première mission…

Trouver sa première mission

Le plus compliqué ce n’est pas de créer son statut, mais bien de trouver sa première mission. C’est pourquoi il est conseillé de garder l’activité qui est votre source de revenus principale en attendant de bien commencer ses premières missions freelance.

Ce n’est pas le plus facile de jongler entre deux travails, c’est évident. Pourtant, il le fallait pour ma part. Du moins, toute la partie en amont, la prospection, la préparation du portfolio (bien qu’il soit maigre au début, il faut réunir tous ses travaux.) et les nombreux rendez-vous qui ne menaient à rien.

Au début, il faut miser sur tous les réseaux possibles pour trouver un contact. J’avais la chance d’avoir une petite notoriété grâce à Newflux et aux nombreux événements, conférences auxquelles je participais. J’ai pu donc enrichir mes contacts sur Linkedin ou Twitter, deux réseaux sociaux importants en tant que freelance. C’est ainsi que vous pouvez dénicher des superbes offres et vous positionner rapidement et efficacement. La proximité qu’apporte le réseau social permet de plus facilement solliciter des recruteurs et d’engager une conversation.

Il ne faut pas hésiter à utiliser les plateformes de mises en relation entre professionnels spécialisés dans le milieu du web. Tel que Malt, Freelancer ou encore Upwork. Même si la concurrence paraît plus rude sur ce genre de sites, au final, cela reste une source de contacts potentiels. J’ai aussi l’impression que malgré toutes les sollicitations que vous allez recevoir, elles auront moins de chance d’aboutir via ce biais. Peut-être à cause de cet effet de masse et de classification des profils… Néanmoins, pour débuter, sans aucun contact dans le milieu, c’est certainement le meilleur moyen pour trouver ses premières missions. C’était d’ailleurs mon cas, une mission courte pour Sephora, à distance, pas très complexe, parfait pour commencer.

Lors des entretiens, il faut très vite cerner l’objet principal de la mission afin de pouvoir vendre au mieux ses qualités. Car comme vous le savez sûrement, le métier de designer UX (et parfois aussi UI) demande de nombreuses compétences diverses.

L’aspect multidisciplinaire

En tant qu’indépendant, il faut savoir maîtriser son métier principal mais aussi certaines compétences externes qui n’ont normalement aucun rapprochement avec le design.

Le démarchage commercial, la communication, la comptabilité, le suivi de projet et l’organisation du temps sont autant de disciplines dans lesquelles il faut avoir des bases.

Si vous n’avez pas du tout envie d’affronter ces différentes épreuves qui vont accompagner votre quotidien indépendant, alors je ne vous conseille pas d’essayer. Car c’est évidemment un impératif.

  • Sans aspect commercial : vous ne trouverez jamais de client ou alors vous n’arriverez pas à vous remporter les offres
  • Sans aspect communicatif : vous ne pourrez pas toujours compter sur les plateformes de mise en relation ou des agences de placement d’indépendant pour décrocher des missions.
  • Sans notion de comptabilité : vous aurez un vrai problème de gestion de budget, mais avant cela, il faut être en capacité de pouvoir faire un devis, un bon de commande, une facture et gérer les différentes régularisations des missions.
  • Sans suivi de projet : vous ne pourrez pas facturer ou émettre un devis sans notion d’estimation de temps. Il est primordial de pouvoir reporter précisément le temps passé sur chaque projet, optimiser son temps et savoir évaluer le temps nécessaire pour réaliser un projet.
  • Sans organisation : vous allez affronter un problème de taille. Vous allez notamment découvrir un ami très intime de l’organisation : la procrastination. une mauvaise gestion de son temps pour effectuer tous les points précédents peut mener à perte vos ambitions d’indépendance

Vous l’aurez compris, pour être freelance, dans n’importe quelle activité, il faut avoir plusieurs cordes à son arc. Sans compter l’aspect social qu’il faut avoir lorsque vous rejoignez une entreprise pour une mission principalement en régie (dans les bureaux du client). C’est comme être nouveau à chaque fois. Vous devez vous rendre agréable et sociable tout en sachant que c’est évidemment très temporaire, en fonction de la durée de la mission. Certaines peuvent durer 1 an, mais la majorité ne dure que quelques mois.

C’est donc un challenge à chaque renouvellement de mission, lorsqu’on doit rechercher des offres, y postuler, attendre les retours, passer les entretiens, espérer être accepter, puis rencontrer toute l’équipe, prendre ses marques, et enfin commencer à travailler…

Réussir sur la durée

Le plus important, c’est la durée. On ne parle pas ici de macaron, mais bien de réussir à perdurer en tant qu’indépendant. Évoluer avec le temps, avec les besoins des clients et ses compétences.

Il est essentiel de toujours se plaire dans son travail et dans ses missions. Même si parfois vous serez contraints d’accepter des missions qui vous plaisent moins. Il faudra continuellement se forcer à trouver des missions qui sont enrichissantes pour vous. Sinon la lassitude va vous emparer. Vous travaillerez moins bien, le client le ressentira et cela va vous faire défaut.

L’avantage premier d’être freelance, c’est la liberté. Ainsi il ne faut pas la perdre en s’obstinant dans une mission si on n’y est pas à l’aise.

Aussi, pour durer, il faut prodiguer un travail de qualité, car très souvent, une proposition de mission pour un projet d’un mois ou deux, peut facilement se transformer en plusieurs projets qui s’enchaînent. Le seul moyen pour décrocher ce genre d’opportunité, c’est la qualité du travail fourni. Evidemment, on peut faire des erreurs et ne pas toujours être au top. Cependant si de manière constante on atteint les objectifs qu’on nous a donnés, dans le temps imparti, c’est parfait.

Il ne faut pas hésiter à être force de proposition par moments, de sorte à faire valoir son expertise, ses connaissances. Parfois le client a une demande bien précise en tête et cela peut aller à l’encontre de vos méthodes de conception ou vos recommandations. Ainsi il faut savoir habilement faire connaître son avis sans paraître désobligeant. Bien que cela paraisse frontal pour certains, il faut bien se rappeler que vous êtes payé pour apporter une expertise avec un regard externe. Ce qui peut avoir de la valeur pour votre client si vous savez défendre votre position.

Dernier point, pour réussir à être indépendant pendant plusieurs années, il faut aimer son travail et ne pas baisser les bras. Il faut redoubler d’efforts pour trouver des missions continuellement. Ne pas perdre le rythme. Car les longues périodes où les missions se font rares, il faut pouvoir garder la motivation et trouver des solutions rapidement.

Conclusions

La vie de freelance, c’est vraiment bénéfique pour ceux qui aiment les challenges. Grâce à ces 3 années, j’ai pu travailler avec des superbes entreprises du CAC40 ou non, des écoles et surtout des gens enrichissants. J’ai eu la chance d’avoir peu de moments creux et de toujours rythmer ma vie professionnelle par des projets secondaires (comme Newflux, entre autres). Tout en gardant largement du temps pour moi et mes activités personnelles. De plus, j’arrivais souvent à négocier du télétravail (chose qui était moins courante avant le COVID 😉 ). Donc je pouvais facilement adapter mon temps pour produire le travail demandé, tout en gardant du temps pour moi.

Cependant, c’est une situation à risques évidemment, mais surtout éphémère. Vous pouvez être freelance à n’importe quel âge ou niveau d’expérience, néanmoins, cela ne peut pas durer des dizaines d’années pour tout le monde. L’instabilité de la situation et le manque de structure qu’apporte le statut d’indépendant, ne permettent pas de rester freelance indéfiniment. Notamment dans le milieu du web qui évolue tous les jours, avec le modèle des agences et des annonceurs qui subissent une évolution majeure…

Pour une vision court moyen terme, à mi-temps ou temps plein, le freelance peut-être la solution idéale pour vous. Si vous vous en sentez capable. Cependant, n’espérez pas faire fortune grâce au freelance ou bien miser sur le long terme. Car je vous épargne les complications que cela apporte pour trouver un appartement, faire un prêt à une banque, ou simplement justifier ses revenus de manière générale.

Quelques conseils

Voici quelques conseils à prendre à la volée, n’hésitez pas à donner vos conseils en commentaire ou sur nos réseaux sociaux.

  • Préparer un book professionnel et centré sur vos méthodes de conception (UX)
  • Si vous n’avez aucun projet à montrer, simulez-en un avec un faux projet (refonte d’un site connu)
  • Ne négligez aucun réseau social (Twitter, Facebook et Instagram sont aussi des sources potentielles de clients)
  • Répondez aussi aux annonces de CDD/CDI, parfois il est possible de s’arranger pour transformer la demande en mission freelance
  • Démarchez directement des petites entreprises, lorsque vous voyez un site qui mérite largement une refonte, n’hésitez pas à proposer vos services… on sait jamais !
  • Élargissez votre spectre de compétences, si le client demande quelque chose que vous ne maîtrisez pas encore, répondez quand même positivement, vous apprendrez sur le tas (ou grâce à Newflux ;))
  • Restez en contact avec vos anciens collègues, ils connaissent votre travail et ils peuvent toujours vous aider à trouver des missions…
  • Ne vous mettez pas trop la pression, même si les temps sont durs, sachez qu’en seulement 3-4 jours de travail, vous pouvez rembourser vos frais mensuels

Et vous, quelle est votre expérience de freelance ?

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Comments to: Bilan après 3 ans de freelance en tant que designer UX
  • 29 juin 2020

    Merci pour ces tips ! C\’est motivant !

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